Articles du Figaro-Sports:
Déroutant et volontiers provocateur, Raymond Domenech a sauvé hier sa tête de sélectionneur de l'équipe de France malgré un palmarès sans le moindre titre majeur et une popularité en berne. Crédits photo : AFP
En dépit de son échec cuisant à l'Euro, le sélectionneur a été reconduit, mais avec des prérogatives réduites.
Un communiqué de quatre pages, une conférence de presse d'une bonne heure avec quatre autres poids lourds du football français, le président de la Fédération française, Jean-Pierre Escalettes, n'a pas ménagé sa peine jeudi pour annoncer ce qui n'est pas une surprise : Raymond Domenech garde son poste de sélectionneur des Bleus.
En fait, tout s'est joué en fin de matinée. Après avoir expédié les affaires courantes, les pontes de la Fédération française ont écouté le bilan de l'Euro dressé par Domenech. «Il a reconnu avoir commis certaines erreurs de communication, notamment sa demande en mariage à la télé à Estelle Denis», raconte Noël Le Graët, vice-président de la Fédération. Puis Domenech s'est éclipsé. Les vingt membres qui assistaient au conseil fédéral ont pu exprimer leur point de vue… et même voter à main levée pour ou contre le maintien du sélectionneur. Résultat, sur dix-neuf votants, il y a eu dix-huit oui et une abstention. Sans surprise, il s'agissait du président de la Ligue du centre, Christian Teinturier, défavorable à la reconduction de Domenech depuis quinze jours : «Les jeux étaient faits d'avance, car Jean-Pierre Escalettes avait bien préparé son affaire.» Il valait mieux, car justifier le maintien d'un sélectionneur qui a complètement raté l'Euro (élimination au premier tour, aucune victoire, fonds de jeu indigent…) relève de l'exercice d'équilibrisme.
Concrètement, Jean-Pierre Escalettes a avancé deux raisons principales pour expliquer ce choix contestable : «Si on allait chercher à l'extérieur, il y aurait une période de tâtonnements, alors que Domenech a des années d'expérience avec les joueurs, jeunes ou moins jeunes. De plus, il a conservé la confiance des joueurs de toutes les générations. Ceux comme Vieira, Sagnol et Benzema qui l'ont dit dans la presse, mais aussi d'autres qui m'ont appelé sans s'exprimer dans les médias.» Paradoxalement, la campagne de France 1998 en faveur de Deschamps a aussi fait le jeu de Domenech : Escalettes n'avait pas envie qu'on lui force la main.
Maintenant, si Domenech est confirmé à son poste, c'est au prix de nombreuses concessions exigées notamment par les dirigeants des clubs pro. En fait, il s'agit quasiment d'une mise sous tutelle. D'abord, il n'aura plus la main sur la communication des Bleus. Il devra suivre les conseils de Pierre-Jean Golven, le directeur de la communication de la Fédération recruté en mars 2008. «La communication du sélectionneur était désastreuse, parce que trop personnalisée et agressive. On avait l'impression de vinaigre mis sur une plaie. Il faut que ça change», résume Jean-Pierre Escalettes. Fini également l'extrême isolement dans lequel étaient confinés les Bleus. Ils devront s'ouvrir aux supporteurs… et aux médias. D'ailleurs, ils signeront une charte qui garantira leur présence en conférence de presse avec amende à la clé en cas d'absence non justifiée.
Produire du beau jeu
Domenech ne pourra plus n'en faire qu'à sa tête lors des déplacements. Un directeur des sélections sera en charge de l'organisation des voyages. Cerise sur le gâteau, le sélectionneur devra rendre des comptes à un comité de huit à neuf membres baptisé «club France 2010». Avec à sa tête Escalettes. Enfin, ordre est donné à Domenech de produire du beau jeu, alors qu'il a toujours fait jouer ses équipes de façon défensive. Un sacré challenge d'autant plus que le nouvel-ancien sélectionneur a très peu de temps devant lui. «On fera un point mi-octobre après les trois premiers matchs de qualification de Coupe du monde. Forcément, il faudra que les résultats se soient améliorés», résume Escalettes, très conscient de jouer une partie à hauts risques : si Domenech n'avait pas les résultats escomptés, il serait poussé dehors et le président avec lui, alors qu'il aimerait entamer un second mandat en fin d'année.
Déroutant et volontiers provocateur, Raymond Domenech a sauvé hier sa tête de sélectionneur de l'équipe de France malgré un palmarès sans le moindre titre majeur et une popularité en berne. Crédits photo : AFP
En dépit de son échec cuisant à l'Euro, le sélectionneur a été reconduit, mais avec des prérogatives réduites.
Un communiqué de quatre pages, une conférence de presse d'une bonne heure avec quatre autres poids lourds du football français, le président de la Fédération française, Jean-Pierre Escalettes, n'a pas ménagé sa peine jeudi pour annoncer ce qui n'est pas une surprise : Raymond Domenech garde son poste de sélectionneur des Bleus.
En fait, tout s'est joué en fin de matinée. Après avoir expédié les affaires courantes, les pontes de la Fédération française ont écouté le bilan de l'Euro dressé par Domenech. «Il a reconnu avoir commis certaines erreurs de communication, notamment sa demande en mariage à la télé à Estelle Denis», raconte Noël Le Graët, vice-président de la Fédération. Puis Domenech s'est éclipsé. Les vingt membres qui assistaient au conseil fédéral ont pu exprimer leur point de vue… et même voter à main levée pour ou contre le maintien du sélectionneur. Résultat, sur dix-neuf votants, il y a eu dix-huit oui et une abstention. Sans surprise, il s'agissait du président de la Ligue du centre, Christian Teinturier, défavorable à la reconduction de Domenech depuis quinze jours : «Les jeux étaient faits d'avance, car Jean-Pierre Escalettes avait bien préparé son affaire.» Il valait mieux, car justifier le maintien d'un sélectionneur qui a complètement raté l'Euro (élimination au premier tour, aucune victoire, fonds de jeu indigent…) relève de l'exercice d'équilibrisme.
Concrètement, Jean-Pierre Escalettes a avancé deux raisons principales pour expliquer ce choix contestable : «Si on allait chercher à l'extérieur, il y aurait une période de tâtonnements, alors que Domenech a des années d'expérience avec les joueurs, jeunes ou moins jeunes. De plus, il a conservé la confiance des joueurs de toutes les générations. Ceux comme Vieira, Sagnol et Benzema qui l'ont dit dans la presse, mais aussi d'autres qui m'ont appelé sans s'exprimer dans les médias.» Paradoxalement, la campagne de France 1998 en faveur de Deschamps a aussi fait le jeu de Domenech : Escalettes n'avait pas envie qu'on lui force la main.
Maintenant, si Domenech est confirmé à son poste, c'est au prix de nombreuses concessions exigées notamment par les dirigeants des clubs pro. En fait, il s'agit quasiment d'une mise sous tutelle. D'abord, il n'aura plus la main sur la communication des Bleus. Il devra suivre les conseils de Pierre-Jean Golven, le directeur de la communication de la Fédération recruté en mars 2008. «La communication du sélectionneur était désastreuse, parce que trop personnalisée et agressive. On avait l'impression de vinaigre mis sur une plaie. Il faut que ça change», résume Jean-Pierre Escalettes. Fini également l'extrême isolement dans lequel étaient confinés les Bleus. Ils devront s'ouvrir aux supporteurs… et aux médias. D'ailleurs, ils signeront une charte qui garantira leur présence en conférence de presse avec amende à la clé en cas d'absence non justifiée.
Produire du beau jeu
Domenech ne pourra plus n'en faire qu'à sa tête lors des déplacements. Un directeur des sélections sera en charge de l'organisation des voyages. Cerise sur le gâteau, le sélectionneur devra rendre des comptes à un comité de huit à neuf membres baptisé «club France 2010». Avec à sa tête Escalettes. Enfin, ordre est donné à Domenech de produire du beau jeu, alors qu'il a toujours fait jouer ses équipes de façon défensive. Un sacré challenge d'autant plus que le nouvel-ancien sélectionneur a très peu de temps devant lui. «On fera un point mi-octobre après les trois premiers matchs de qualification de Coupe du monde. Forcément, il faudra que les résultats se soient améliorés», résume Escalettes, très conscient de jouer une partie à hauts risques : si Domenech n'avait pas les résultats escomptés, il serait poussé dehors et le président avec lui, alors qu'il aimerait entamer un second mandat en fin d'année.